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LABRADOR ET ANTICOSTI

être en mesure de donner beaucoup de temps à l’horticulture. L’automne, on achète des traders de Québec la quantité de légumes qu’il faut pour toute l’année.

La rareté des bois met la population dans l’originale nécessité d’avoir, comme on l’a déjà lu, une maison d’été sur les îles, à proximité des places de pêche, et une maison d’hiver sur la côte, le plus près que l’on peut des endroits où l’on pourra se procurer le bois de chauffage. La côte est presque partout dénudée ; mais à l’intérieur, le terrain consiste en plaines, marécageuses parfois, parfois assez boisées. La forêt commence à des distances variant de trois à vingt-cinq ou trente milles de la mer. Comme l’on n’a que les chiens pour transporter ces bois, on comprend bien que les gens ont tout intérêt à résider le moins loin possible de la forêt.

L’hiver n’est pourtant pas aussi rigoureux qu’on pourrait le penser d’une région d’environ quatre degrés plus au nord que Québec. Cela est dû certainement au voisinage de la mer, et à l’intérieur des terres le froid doit être beaucoup plus intense. Au rapport d’un missionnaire qui venait d’hiverner dans le bas Labrador, il n’y a guère de différence, durant les mois d’hiver, entre le climat de cette côte et celui du Saguenay, ni pour la rigueur du froid, ni pour la quantité de neige. Par exemple, la saison d’hiver y commence environ trois semaines plus tôt, et dure un mois de plus, et même davantage quand les banquises séjournent longtemps dans le détroit de Belle-Isle. L’été, déjà bien raccourci à ses deux extrémités, est plus frais que dans nos régions, surtout quand il y a des icebergs le long de la côte. Les brumes sont très fréquentes.

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Il n’est pas étonnant que dans un pays de ce genre, on ne voie guère d’autres animaux domestiques que les chiens. Chaque famille possède au moins cinq de ces vaillants coursiers pour les voyages en cométique.