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LABRADOR ET ANTICOSTI

l’avenir, et avec quelque succès que l’on puisse distinguer ce qu’il y a dans ses obscurs replis, on ne peut prévoir de ce pays qu’il sera jamais un pays agricole, en même temps qu’industriel, si ce n’est peut-être dans sa partie extrême, du côté de l’ouest.

Il y a, de Tadoussac à la Pointe-de-Monts, une lisière de terrain cultivable, large d’une dizaine de milles, située entre les montagnes et le fleuve. Le sol est encore très propre à la culture dans les vallées des rivières Manicouagan, Godbout, Trinité et Pentecôte[1]. Et l’on a écrit que jusqu’à la rivière à la Truite, un peu à l’est de Moisie, il est possible de faire de la colonisation. S’il n’y avait à considérer en cette affaire que la qualité du sol, cette assertion pourrait être prise au sérieux. Mais, sans contredit, la question du climat est d’aussi grande importance, pour l’agriculture, que la composition des terrains. Et l’on a vu, par ce que j’en ai dit en traitant des endroits situés depuis Godbout jusqu’à Moisie, d’abord que le sol n’y est pas beaucoup riche, et ensuite que le climat n’y est pas favorable à la culture des céréales. Même l’avoine n’y arrivera à maturité ni partout, ni tous les ans.

Betsiamis est situé à 150 milles en deçà de la rivière à la Truite, et à 100 milles plus au sud. Eh bien, qu’on lise ce que m’écrivait le R. P. Arnaud, le 7 décembre 1896, sur Betsiamis et le reste de la Côte, comme pays agricole. Quand on achève, ainsi que ce vieux missionnaire, son demi-siècle de séjour en cette région, on peut en parler avec connaissance de cause. Et que l’on n’oublie pas que Betsiamis est le point le plus à l’ouest et le plus au sud de ce qu’on appelle communément la Côte Nord.

« Nos sauvages, dit le P. Arnaud, occupent un pays impropre à la culture, pays froid, humide, montagneux (c’est de là que nos sauvages tirent leur nom). La belle saison est très courte ; nous n’avons pour ainsi dire pas de printemps. À N.-D. de Betshiamits, comme partout plus bas sur la côte, les arbres ne

  1. Étude intitulée Le Nord. (publiée dans L’Électeur, de Québec, août 1881).