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LABRADOR ET ANTICOSTI

des bancs de neige. Aussi, le terrain de Natashquan se compose de plusieurs rangées de dunes, parallèles à la mer et semblables à des vagues soulevées par les ouragans. Sur le sommet de ces dunes, que séparent les unes des autres des marécages ou de petits lacs, sont les habitations entourées d’enclos où l’on récolte patates, navets et autres légumes, à force de varech et de déchets de poisson.

Voici un fait qui fera juger de quelle gravité est la « question du sable » à Natashquan. Du temps où l’abbé A. Vaillancourt desservait cette mission (1889-92), on éleva en face de l’église une clôture de quinze pieds de hauteur. Eh bien, en 1895, il ne restait plus que deux ou trois pieds de cette clôture au-dessus de l’amas de sable qui s’était formé en quelques années contre cet obstacle. Les Natashquanais ont donc quelque sujet de craindre que leur église elle-même ne finisse par être engloutie et d’hésiter à s’engager, pour en achever l’ornementation, en des dépenses qui seraient peut-être inutiles.

Du reste, bien qu’il importe et qu’il convienne que la Maison de Dieu reçoive tous les embellissements possibles, lorsque les ressources d’une paroisse sont suffisantes pour autoriser de fortes dépenses, cependant la riche décoration de l’église n’est pas essentielle à la piété d’une population. Et le peuple de Natashquan en fournit la preuve. Alors qu’il n’y avait pas encore en ce lieu de prêtre résidant, et que l’on n’avait la visite du missionnaire qu’une fois par année, ces bons Acadiens se réunissaient pourtant tous les dimanches à leur chapelle, récitaient des prières en commun, et chantaient même les psaumes de vêpres. Aujourd’hui encore, chaque dimanche, on voit certaine pieuse confrérie se réunir à l’église et réciter l’office de l’Immaculée-Conception de la sainte Vierge.

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J’ai parlé de la « question du sable » qui inquiète les gens de Natashquan. Il y eut jadis une question qui les inquiéta bien