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POINTE-AUX-ESQUIMAUX

Cela gênera beaucoup, quand il sera question de construire des fortifications à la Pointe-aux-Esquimaux. En attendant, on ne bâtit que des maisons en bois, ce qui ne veut pas dire qu’il y ait en ce pays ce que l’on appelle le gros bois de construction.

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Et cette question de bois nous ramène encore à cette affaire des droits de la Seigneurie de Mingan. Ici comme à d’autres endroits, les gens s’en montrent préoccupés. L’agence de la Rivière-Saint-Jean voudrait bien conclure avec les habitants des baux de vingt ans, même pour une redevance très légère : ce serait en effet la reconnaissance des droits de la Seigneurie. Mais, pour la même raison, les gens refusent généralement de se rendre aux avances qu’on leur fait. Il faut avouer aussi que toutes les péripéties judiciaires qui se sont déroulées, jusqu’à ces derniers temps, devant tous les tribunaux possibles, et dont on a entendu parler, ont fini par brouiller les esprits ; et l’on n’est pas encore très convaincu que la Seigneurie a vraiment et définitivement triomphé devant les tribunaux. — Or la coupe libre des bois est justement l’un de ces avantages que la Seigneurie assurerait aux habitants par la passation d’un bail. En attendant que les choses s’éclaircissent encore davantage, on prend du bois sur les îles qui bordent la Côte depuis Mingan, et qui sont en dehors de la juridiction de la Seigneurie.

Mercredi, 17 juillet. — Dès mardi, nous étions prêts à partir de la Pointe-aux-Esquimaux. Car Monseigneur avait un peu pressé les travaux de la mission, afin de pouvoir se mettre en route pour Natashquan, aussitôt que les circonstances le permettraient. Mais voilà ! Les circonstances n’étaient pas de bonne humeur, hier. Il y avait une brume à ne pas voir le bout de son bras ; et surtout il ventait de l’est. Si, après tout, on peut partir par vent contraire, pour faire un trajet de cinq ou six lieues que l’on mettra peut-être tout un jour à parcourir, il n’est guère