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LABRADOR ET ANTICOSTI

Que fait ou des prisonniers dont l’on s’est emparé ?

Les barges suivent toujours l’embarcation qui porte la seine. Dès que la prise est opérée, elles viennent prêter main-forte aux vainqueurs. On commence par assécher la seine, c’est-à-dire que l’on tasse le hareng autant que possible, afin de pouvoir le prendre plus facilement pour en remplir les barges. Celles-ci vont de la seine à la goélette tant qu’il y a du poisson à transporter.

Si l’on a fait un trait, c’est-à-dire une capture, de 600, de 1000 ou de 1200 barils, et que l’endroit soit à l’abri du mauvais temps, on ferme la seine et on la fixe pour qu’elle reste dans la même position. En ce cas, on ne transporte à bord de la goélette que la quantité de hareng que l’on peut préparer et saler en vingt-quatre heures ; les jours suivants on revient chercher du poisson, jusqu’à ce que la seine ait été vidée. Dans ces occasions d’un bon trait de seine, on ne dort pas tant que le hareng n’est pas tout « sauvé ». Assez souvent, on passe de la sorte jusqu’à quarante-huit et même soixante heures sans clore l’œil. — En vingt-quatre heures, un équipage entendu arrive à remplir dans les conditions voulues au delà de cent barils.

Parfois, il faut aller très loin de la goélette pour rencontrer le hareng ; et alors il peut arriver que l’on n’utilise pas même le tiers d’une prise de cinq ou six cents barils. Car, à cette distance du bord, lorsque le jour s’en va et que le vent s’élève, surtout si l’endroit est farouche, il n’y a qu’à rendre le hareng à la liberté, à ramasser la seine et à battre en retraite.

Lorsque la goélette est complètement chargée, ce qui — au hasard des circonstances — réclame plus ou moins de temps, on s’en revient : dénouement qui ne surprendra personne. On vend la cargaison, en gros ou en détail, le plus avantageusement qu’il se peut, et l’on partage les bénéfices suivant le même système qu’après les voyages à la morue.

* * *

Eh bien, voilà comment on fait en grand la pêche du hareng.