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LE MANOIR

CHAPITRE III

L’ENTREVUE


— Comment va votre neveu, monsieur Gravel ? dit DuPlessis en entrant le lendemain matin dans la grande salle de l’auberge. Tient-il encore sa gageure ?

— Quant à sa gageure, répondit l’aubergiste, je vous conseille, en ami, de ne pas vous en mêler, pas plus que de toute autre chose que pourrait proposer Michel Lavergne. Laissez mon neveu et Baptiste Santerre se tirer de leur gageure comme ils l’entendront ; car, M. DuPlessis, je ne voudrais pas qu’un homme aussi respectable que vous tombât dans les filets d’un professeur des sept sciences damnables. Je puis fermer les yeux quand mon neveu tend ses rêts pour attraper une mouche comme Santerre, mais un voyageur comme vous doit être prévenu.

— Merci de vos bienveillants conseils, M. Gravel ; je tâcherai de les mettre à profit. Mais je dois tenir ma gageure, puisque je m’y suis engagé. Dites-moi, quel est donc ce Thom Cambrai ?

— Vous devez pourtant l’avoir connu, M. DuPlessis, car il demeurait aux Trois-Rivières lorsqu’a dû s’écouler votre jeunesse.

— Non, monsieur, je ne me rappelle pas l’avoir jamais connu. Il est vrai que j’ai été élevé chez un de mes oncles à Montréal, et que, depuis l’âge de dix-sept ans, je me suis plus occupé d’affaires militaires que de l’histoire de ma ville natale. La plus grande partie de ma jeunesse a été passée soit à la Louisiane, soit aux postes avancés de l’ouest. Revenu aux