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MYSTÉRIEUX
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CHAPITRE XXXIII

RÔLE D’UN MAUVAIS GÉNIE


Tous les deux montèrent au second étage et s’enfermèrent dans une chambre retirée. L’intendant marchait à pas lents, la tête baissée, en murmurant :

— Comment m’y prendre pour annoncer cette nouvelle ? Que va-t-il dire et faire ? N’importe, il n’y a pas à balancer.

Et relevant la tête et regardant Deschesnaux, qui se tenait debout près d’une table, avec une expression de colère sur sa figure, M. Hocquart lui dit :

— Pourquoi ce regard sombre, Deschesnaux ? Croyez-vous donc qu’un arbre qui a des racines profondes et nombreuses puisse être facilement renversé par la tempête, en supposant que le gouverneur et sa famille voulussent en déchaîner une contre moi ?

— Hélas ! M. l’intendant…

— Et pourquoi cet hélas ! Deschesnaux ? Si la crainte commence déjà à vous gagner, vous pouvez vous y soustraire en m’abandonnant. Je n’ai pas besoin de cœurs pusillanimes autour de moi pour augmenter mon embarras.

M. l’intendant, vous vous méprenez sur la nature de mes sentiments : je serai le dernier à vous abandonner dans vos épreuves. Mais pardonnez-moi si je vous dis que dans ma sollicitude pour vous je vois mieux que la noblesse de votre cœur ne vous le permet les périls dont vous êtes environné.

— Que dites-vous, Deschesnaux ? que voulez-vous dire ?