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LE MANOIR

— Et les Canadiens, de leur côté, sont beaucoup attachés à leur illustre gouverneur, ajouta M. Hocquart, à qui ils sont reconnaissants de si longs et si précieux services rendus. Et ils ne verraient pas partir avec moins de regret madame la marquise et mademoiselle de Beauharnais, qui ont su s’acquérir de si nombreuses et si sincères sympathies.

— Il nous en coûterait sans doute, M. l’intendant, de nous séparer d’une société qui nous a rendu notre séjour si agréable ici ; cependant, il faut bien savoir se soumettre à la force des circonstances. Mais dites-moi donc, quel est ce capitaine que le marquis nous a présenté et avec qui mademoiselle de Beauharnais semble si bien s’amuser ? je n’ai pas saisi son nom.

— C’est le capitaine DuPlessis, madame, actuellement au service de M. le commandant Bégon.

— Est-il ce monsieur DuPlessis qui était fiancé à mademoiselle Pezard de la Touche, maintenant madame Deschesnaux ?

M. Hocquart devint si visiblement troublé que Mme de Beauharnais s’en aperçut et se hâta d’ajouter :

— Le marquis m’a raconté hier soir cette aventure romanesque, qui ne lui plaît guère ; mais, soyez certain, monsieur, que je ne voudrais pas vous rendre responsable des petits oublis de convenances qu’une affection exaltée pourrait faire commettre à quelqu’un attaché à votre service. Je désirerais bien voir madame Deschesnaux ; on dit qu’elle est très jolie et très aimable, quoique son goût singulier pour la retraite soit un peu surprenant. Elle craint probablement de paraître en société à cause du fait qu’elle s’est mariée contre le gré de son père. Mais il faut pourtant qu’elle se décide à se montrer ; et il me semble que la prochaine réunion aux Trois-Rivières, chez M.