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nous avons tout l’air de faire de même. On ne semble point se douter que des êtres manquant de tout puissent être honnêtes et laborieux. »

— « Oh ! Tom ! » exclama sa femme, lui mettant la main sur le bras, d’un air suppliant, « tentons un dernier effort contre la suprême misère. Nous quitterons, il le faut, cet endroit aujourd’hui. Madame Sans-Pitié dit qu’elle ne peut nous donner abri plus longtemps, nous lui devons deux semaines de loyer, et comment les lui apporter, quand nous n’avons pas de pain à manger ?… J’ai une idée, » continua-t-elle, une lueur d’espoir éclairant son visage ; « allons dans les quartiers fashionables de la cité, et là séparons-nous : chacun accostera l’étranger à l’air bon, qui semblerait prêt à écouter notre histoire. Ainsi, ô cher Tom, pourrons-nous trouver aide et travail ! » Et elle joignit les mains, dans l’enthousiasme de son espoir. — « Comme vous voudrez, ma fille, comme vous voudrez, » soupira Thomas ; « mais le temps qu’il fait est bien dur pour vous ; et sortir l’enfant si pauvrement habillé ! C’est, en tous cas, notre devoir de nous mettre en route : nous avons bien des milles à faire. Je voudrais seulement posséder quelques sous pour vous avoir une goutte de lait ! » — « N’importe, cher, » reprit Catherine, con-