Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/490

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Se dirigent Médon et le divin chanteur.
Au centre les voici ; l’assemblée est surprise.
Alors l’interpellant, le sagace héraut :
« Gens d’Ithaque, écoutez ! D’Ulysse l’entreprise
N’eut pas son plein succès contre le gré d’en haut.
J’ai vu moi-même un dieu du céleste parage
Assister notre roi sous les traits de Mentor.
Tantôt il le flanquait, ranimant son courage ;
Tantôt par les salons, en un rapide essor,
Il troublait les Rivaux tombant à la renverse. »

Il dit ; d’un sombre effroi chacun se sent glacé.
Après Médon surgit Mastoride Halitherse ;
Ce vieux brave voit seul l’avenir, le passé.
Sermonnant le public d’une bouche opportune :
« Oyez, chers Ithaquins, ce que je vous dirai.
À votre entêtement se doit cette infortune.
En vain avec Mentor, autre chef vénéré,
De vos fils j’ai voulu réprimer l’œuvre infâme.
Ces fous ont mis le comble à leurs jeux dissolus
En déprédant les biens, en outrageant la femme
D’un héros ; ils pensaient qu’il ne reviendrait plus.
Maintenant puissiez-vous et m’entendre et me croire !
Ne marchons pas, craignez un désastre plus grand. »

En majeure partie, à ces mots, l’auditoire
Se dissipe houleux ; l’autre part, demeurant,
Abandonne Halitherse et suit la voix d’Eupithe.
Les mutins belliqueux courent ceindre leurs reins ;
Sitôt qu’ils ont vêtu de splendides airains,
Hors des vastes remparts leur ost se précipite.
Eupithès les commande : en son opinion,