Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/478

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Coiffèrent ces débris d’un monument sublime,
Érigé sur un cap, près du large Hellespont,
Pour qu’il frappât de loin, sur l’onde maritime,
Les hommes d’aujourd’hui, comme ceux qui naîtront.
L’Olympe consulté, ta mère aux troupes grecques
Apporta pour les Jeux de magnifiques prix.
Jà de bien des héros je suivis les obsèques ;
J’ai vu, pour plus d’un roi que la mort avait pris,
Les jeunes gens se ceindre et prendre part aux luttes ;
Mais onc je n’admirai d’objets plus merveilleux
Que ceux qu’en ton honneur offrit à nos disputes
Thétis aux pieds d’argent : c’est que t’aimaient les dieux.
Donc, quoique tu sois mort, ton renom ne meurt guère ;
À la postérité, prince, tu passeras.
Mais moi, que m’a servi de terminer la guerre ?
Au retour, Zeus m’inflige un horrible trépas,
Sous le poignard d’Égisthe et d’une épouse vile. »

Tandis qu’en ces discours ils étaient engagés,
S’approche l’Argiphonte, amenant à la file
Les mânes des intrus par Ulysse égorgés.
Ambedeux vont, surpris, au groupe diaphane.
L’âme du fils d’Atrée aussitôt reconnaît
Le noble Amphimédon, cher enfant de Mélane,
Qui dans Ithaque un jour l’accueillit à souhait.

Atride Agamemnon lui tient ce prompt langage :
« Amphimède, d’où vient qu’au pays ténébreux
Vous descendez ainsi, tous beaux et du même âge ?
Nulle cité n’abonde en héros si nombreux.
Neptune, en excitant le souffle des tempêtes,
Vous a-t-il fait périr sur vos ponts fracassés ?