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À son clos, nulle part, aucun de nous n’ira,
Avant qu’à toi, par grâce, un Achéen s’unisse. »

Ainsi parla ce chef ; son dit parut fondé,
Et chacun pour sa part dépêcha son céryce.
Celui d’Antine offrit un grand péplum, brodé
Richement ; il était garni de douze agrappes
D’or massif, s’attachant à de courbes anneaux.
Eurymaque eut du sien un collier des plus beaux,
Vrai Soleil où sur l’or l’ambre courait en grappes.
Les gens d’Eurydamas remirent des pendants
À triple perle fine, et d’un travail splendide.
Le héraut de Pisandre, altier Polyctoride,
Fournit un diadème, œuvre sans précédents.
Les autres Achéens ne furent point avares.
L’auguste reine alors regagna son boudoir ;
Ses femmes la suivaient, portant ces cadeaux rares.

Les prétendants joyeux, en attendant le soir,
Goûtèrent les douceurs du chant et de la danse.
Au cours de leurs plaisirs survint l’obscurité.
Vite l’on disposa pour l’ample résidence
Trois brasiers différents ; à l’entour fut jeté
Du bois sec, inflammable, aminci par la hache.
Puis torches de flamber. Les femmes du logis
D’entretenir ces feux se partageaient la tâche.
Le roi leur dit d’emblée, au pied des murs rougis :
« Serves de cet Ulysse à l’absence éternelle,
Vers l’estimable reine ensemble remontez,
Et tournez vos fuseaux, assises auprès d’elle,
Ou peignez des toisons sous ses yeux contentés.
Moi, je saurai fournir à tous de la lumière.