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La honte ne sied point à l’homme besogneux. »

L’obéissant gardien, sur l’ordre charitable,
Aborda l’étranger et lui dit vivement :
« Forain, voici les mets que mon prince te donne.
Il t’invite à quêter autour de chaque Amant ;
Aux besogneux, dit-il, la honte n’est pas bonne. »

L’industrieux Ulysse, à ces propos humains :
« Zeus roi, fais Télémaque heureux, heureux sans trêve,
Et qu’il obtienne tout ce que son âme rêve ! »

Il dit ; et, recevant l’offrande en ses deux mains,
À ses pieds il la mit, sur sa besace laide.
Tant que chanta le chantre, il mangea sans répit.
Quand finit son repas et que se tut l’aède,
L’assistance houleuse à son aise glapit.
Mais Pallas, s’approchant du Laërtide auguste,
L’envoya mendier du pain aux Prétendants,
Afin qu’il discernât le juste de l’injuste,
Bien qu’aucun d’eux ne dût échapper là-dedans.
Le preux s’avança donc, commença par la droite,
Tendit la main vers tous, comme un gueux exercé.
Eux, surpris, de donner d’une façon benoîte,
Tout en se demandant son nom et son passé.

Le chevrier Mélanthe alors partant en guerre :
« Poursuivants de la reine illustre, écoutez-moi
Touchant ce pérégrin ; car je l’ai vu naguère.
C’est le pasteur de porcs qui l’a conduit, ma foi !
Mais j’ignore comment il se nomme et se classe. »