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En ces mots répondit l’Assembleur de nuages :
« Soleil, brille toujours parmi les Bienheureux
Et pour les occupants de la terre féconde.
Tantôt je foudroierai ce bâtiment véreux ;
Sa carcasse en débris disparaîtra sous l’onde. »

J’appris ces choses-là de l’alme Calypso,
Qui me dit les tenir du messager Mercure.

Après avoir rejoint la mer et le vaisseau,
J’apostrophe les miens, leur darde mainte injure.
Inutile fureur ! les taureaux sont tués.
Lors des signes divins confirment mes reproches :
Les peaux rampent, la chair mugit autour des broches,
Cuite ou non ; par les bœufs nous semblons conspués.

Mes pauvres compagnons pendant six jours de suite
Mangent les plus beaux corps des troupeaux du Soleil ;
Mais, grâce à Jupiter, au septième réveil,
La colère des vents est tout à coup réduite.
Rembarqués, nous lançons la nef au gouffre amer,
Et, la mâture en place, on tend la blanche voile.

Quand l’île a fui, qu’au loin nul sol ne se dévoile,
Que l’on ne voit plus rien, si ce n’est ciel et mer,
Kronide fait planer une lourde nuée
Sur le navire creux, tourne au noir l’armogan.
La route ne saurait être continuée,
Car Zéphyre accouru déchaîne un ouragan.
Son branle immédiat rompt les haubans rigides ;
Le mât tombe en arrière, entraînant les agrès
Dans la cale ; il atteint notre pilote, auprès