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CHANT X

DEUXIÈME RÉCIT :
ÉOLE, LES LESTRYGONS, CIRCÉ

« Mon escadre aborda dans l’île d’Éolie.
Éole Hippotadès, cher au ciel nectarin,
Règne en ce lieu flottant qu’entoure un mur d’airain,
Non frangible, et bordé d’une roche polie.
Douze enfants lui sont nés dans son retrait brillant,
Six filles et six fils florissants de jeunesse.
Les doux nœuds de l’hymen resserrent leur tendresse.
Près d’une mère auguste et d’un père accueillant,
Ils festinent sans trêve à des tables opimes.
De jour, le toit gourmand retentit de concerts,
Et, le soir, beaux maris, épouses légitimes
Pressent des lits moelleux de pourpre recouverts.
Nous gagnons la cité, les demeures d’Éole.
Il me garde un bon mois à conter tour à tour
Troie et la flotte argive et l’achéen retour ;
Dûment j’instruis de tout mon hôte bénévole.
Quand je veux le quitter, sur mes désirs fervents,
Au lieu de m’alentir, il aide à mon voyage.
Dans une outre, cuiret d’un taureau de neuf ans,