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Près de l’autel bâti par Érechtée. Ulysse
S’approche, l’air pensif, du logis souverain ;
Il songe avant d’entrer, debout au seuil d’airain.
Flamboyant de rayons, le pompeux édifice
Égalait en splendeur Phœbus ou Séléné.
Autour, et jusqu’au fond, des murs tout ahénides
S’étendaient, d’émail bleu leur faîte couronné.
Des portes d’or fermaient ces demeures solides.
Un chambranle argenté partait du seuil fulgent ;
Les anneaux étaient d’or, le linteau d’argyrose.
Aux deux côtés veillaient des chiens d’or et d’argent,
Que Vulcain fabriqua d’une main virtuose
Pour garder le palais du maître glorieux ;
Ils restaient immortels, francs de toute vieillesse.
Et, de l’entrée au bout, le long de chaque pièce,
S’alignaient des fauteuils, que maint tapis soyeux
Ornait de ses dessins, du sexe œuvre admirable.
C’est là que s’asseyaient pour boire, être nourris,
Les chefs Phéaciens, d’appétit mémorable.
Des Amours d’or massif sur des socles de prix,
Haussant entre leurs doigts des torches radieuses,
Éclairaient tous les soirs les soupeurs réunis.
La maison occupait cinquante travailleuses :
Les unes du froment broyaient les grains jaunis ;
D’autres tissaient la toile, agitaient des navettes,
Se mouvant à l’instar des feuilles du bouleau ;
L’huile semblait lustrer leurs étoffes coquettes.
Autant les Schériens savaient labourer l’eau
Mieux qu’aucune peuplade, autant chez eux les femmes
Excellaient aux tissus. La fille de Jupin
Leur donna la sagesse et l’art d’ouvrer les trames.