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Lorsque tu me croiras en son enceinte auguste,
Franchis le mur Phéaque et demande aussitôt
La maison de mon père, Alcinoüs le juste.
L’édifice est commode à trouver, un marmot
T’y conduirait ; car nul des logis de la ville
N’a les proportions du royal bâtiment.
Après avoir passé la cour d’un pied agile,
Vole au fond du palais, droit à l’appartement
De ma mère : elle file, à la clarté des flammes,
Et contre une colonne, un lainage pourpré,
Merveilleux ; en arrière on distingue ses femmes.
Mon père, au coin du feu, sur un trône doré,
Boit, comme un Immortel, les sucs de la vendange.
D’un bond, va de la reine embrasser les genoux,
Afin que ton retour à ta guise s’arrange,
Quelles que soient les mers qui grondent entre nous.
Si son âme pour toi se révèle amicale,
Espère de revoir, dans les plus courts délais,
Ton sol, tes compagnons, ta demeure natale. »

Elle dit ; et fouetta ses robustes mulets
Qui du fleuve à l’instant quittèrent le rivage.
Leurs sabots en cadence écrasaient les sablons ;
L’infante les réglait d’uniformes cinglons,
Pour qu’à pied pussent suivre Ulysse et l’entourage.
Le soleil se couchait, lorsqu’on parvint au bois
D’Athèné ; le héros s’arrête en cet asile,
Et prie ainsi Pallas, fille du Roi des rois :
« Ô Jovienne indomptable, à mes vœux sois facile !
Souris-leur maintenant, puisque tu les trompais,
Quand m’accablait Neptune, ébranleur de la terre.
Fais-moi trouver tantôt miséricorde et paix. »