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Il gagne donc le bois dominant l’onde pure,
Et sous deux arbrisseaux il demeure blotti.
C’étaient des oliviers, l’un franc, l’autre sauvage.
Le souffle des autans ne les glaça jamais ;
Jamais l’ardent soleil ne troua leur ombrage,
Et nulle pluie au sol n’inclina leurs sommets,
Tant ils croissaient touffus, entrelacés. Ulysse,
Tapi là, de ses mains se fait un lit feuillu,
Car les feuilles partout avaient tellement plu
Que deux ou trois mortels en leur amas propice
Auraient pu se garer des plus terribles nords.
Le divin patient sourit à ce feuillage ;
Dans sa masse il pénètre et s’en couvre le corps.
Ainsi qu’au bout d’un champ, loin de tout voisinage,
Un berger dans la cendre enfouit un tison
Pour conserver son feu, n’en pas quêter le germe :
Tel s’enfeuillait Ulysse. Alors, mettant un terme
À son cruel labeur, Pallas verse à foison
Des pavots sur ses yeux et doucement les ferme.