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Puis lance sa machine au moyen de rouleaux.

Le quatrième jour, son œuvre était finie ;
Au cinquième, baigné, vêtu d’habits royaux,
Le vaillant eut congé de sa divine amie.
Calypso lui fit prendre une outre de vin noir,
Une outre d’eau ; de plus, un sac de friandises
Contentant le palais, entretenant l’espoir.
Sa bouche, comme adieux, souffla de bonnes brises.
Ulysse ainsi poussé mit, joyeux, voile au vent.
Bien maître de sa barre, il allait sans saccades,
Et, rebelle au sommeil, son œil lorgnait souvent
Le Bouvier lent à fuir, les brillantes Pléiades,
Puis l’Ourse, dénommée aussi le Chariot,
Qui regarde Orion, en pivotant sur place,
Et du large Océan seule esquive le flot.
De Calypse il avait le conseil efficace
De la laisser toujours sur sa gauche en voguant.
Dix-sept jours, il tint bon aux humides campagnes ;
Le dix-huitième, il vit les ombreuses montagnes
Du sol Phéacien tout près se distinguant.
Il crut qu’un bouclier surplombait les abîmes.

Mais du coin Éthiope en revenant par là,
Neptune l’aperçut, d’un rocher des Solymes.
Il reconnut sa nef, son courroux redoubla,
Et, secouant la tête, il se dit en lui-même :
« Quoi ! dans l’Éthiopie alors que je roulais,
Les dieux envers Ulysse ont changé de système !
Le voilà presque au bord des Phéaces palais,
Où le Sort veut qu’il trouve un terme à ses souffrances.
Mais j’entends le meurtrir encore comme il faut. »