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nement des citoyens qui les voient. Plus vénérable encore est la demeure où le feu brille, un jour d’hiver, quand le Kroniôn fait pleuvoir les neiges.




XIV


Le Fourneau ou le Vase de terre.


Si vous me donnez une récompense, ô Potiers, je chanterai : — Viens ici, allons ! ô Athènaiè, et de ta main protège ce fourneau. Que les coupes et tous les vases prennent de la couleur, cuisent bien et soient d’un grand prix ; qu’on en vende beaucoup dans l’agora et beaucoup dans les rues, et qu’ils rapportent beaucoup. — Voilà comme nous chanterons pour vous. Mais, si, enclins à l’impudence, vous dites des mensonges, alors j’évoquerai les destructeurs de fourneaux : Syntrips, Smaragos, Asbétos, Sabaktès et Omodamos, celui qui causera le plus de maux à votre art :

— Détruisez par le feu la demeure et le portique ! Que tout le fourneau soit broyé, que les vases éclatent en grinçant comme des mâchoires de cheval, et que le fourneau grince ainsi, brisant les vases les uns contre les autres ! Viens ici, fille de Hèlios, Kirkè riche en poisons ! Répands tes cruels poisons et détruis-les, eux et leurs travaux ! Viens aussi, Kheirôn ! amène les nombreux Centaures. Les uns ont échappé aux mains de Hèraklès, si les autres ont péri. Qu’ils broient ces vases, que le fourneau s’écroule, et qu’eux-mêmes gémissent à la vue du mal accompli ! Et moi, je me réjouirai en voyant leur œuvre funeste ! Et que ceux qui se pencheront sur le fourneau, pour y regarder, aient toute la face brûlée par le feu, afin que tous apprennent à bien agir.