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et qui a reçu les plus grands honneurs. Autant de fois qu’elle le voulut, elle trompa cet esprit sage, et elle l’unit aisément à des femmes mortelles, à l’insu de Hèrè, sa sœur et sa femme, qui est d’une grande beauté, la plus belle entre les Déesses Immortelles. Le subtil Kronos et Rhéiè enfantèrent cette très illustre Déesse, et Zeus aux pensées éternelles en fit sa femme vénérable et sage.

Mais Zeus inspira à l’âme d’Aphroditè elle-même le doux désir de s’unir à un homme mortel, afin qu’elle éprouvât le lit d’un homme, et qu’Aphroditè qui aime les sourires ne dît pas en se glorifiant et en riant, parmi les Immortels, qu’elle avait uni les Dieux aux femmes mortelles qui enfantaient des fils mortels avec les Dieux, ni qu’elle avait uni des Déesses aux hommes mortels.

C’est pourquoi il lui inspira le doux désir d’Ankhisès qui, alors, errait sur les sommets de l’Ida aux sources sans nombre, paissant ses bœufs, et semblable par la beauté aux Immortels.

Et dès qu’Aphroditè, qui aime les sourires, l’eut vu, elle l’aima, et le désir saisit violemment son âme. Et s’étant rendue à Kypros, elle entra dans le temple odorant de Paphos, où sont le bois sacré et l’autel divin. Après être entrée, elle ferma les portes brillantes. Là, les Kharites la baignèrent et la parfumèrent d’huile ambroisienne qui sert aux Dieux éternels, ambroisienne, divine, et qui lui avait été offerte en sacrifice.

Puis, ayant mis de beaux vêtements autour de son corps et s’étant parée avec de l’or, Aphroditè qui aime les sourires partit de l’odorante Kypros pour Troie ; et faisant rapidement son chemin par les hautes nuées, elle parvint à l’Ida, où abondent les sources et les bêtes fauves.

Et elle marcha droit à l’étable, à travers la montagne, et, autour d’elle, les loups gris, les lions terribles, les ours, et les léopards légers insatiables de cerfs, allaient en remuant