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la cour. Et, là, ils lui coupèrent, avec l’airain, les narines et les oreilles, et ils lui arrachèrent les parties viriles, qu’ils jetèrent à manger toutes sanglantes aux chiens ; et, avec la même fureur, ils lui coupèrent les pieds et les mains, et, leur tâche étant accomplie, ils rentrèrent dans la demeure d’Odysseus. Et, alors, celui-ci dit à la chère nourrice Eurykléia :

— Vieille femme, apporte-moi du soufre qui guérit les maux, et apporte aussi du feu, afin que je purifie la maison. Ordonne à Pènélopéia de venir ici avec ses servantes. Que toutes les servantes viennent ici.

Et la chère nourrice Eurykléia lui répondit :

— Certes, mon enfant, tu as bien parlé ; mais je vais t’apporter des vêtements, un manteau et une tunique. Ne reste pas dans tes demeures, tes larges épaules ainsi couvertes de haillons, car ce serait honteux.

Et le prudent Odysseus lui répondit :

— Apporte d’abord du feu dans cette salle.

Il parla ainsi, et la chère nourrice Eurykléia lui obéit. Elle apporta du feu et du soufre, et Odysseus purifia la maison, la salle et la cour. Puis, la vieille femme remonta dans les belles demeures d’Odysseus pour appeler les femmes et les presser de venir. Et elles entrèrent dans la salle ayant des torches en mains. Et elles entouraient et saluaient Odysseus, prenant ses mains et baisant sa tête et ses épaules. Et il fut saisi du désir de pleurer, car, dans son âme, il les reconnut toutes.