Page:Holmès - La montagne-noire.djvu/82

Cette page a été validée par deux contributeurs.
68
LA MONTAGNE-NOIRE

Non ! Va-t’en ! La rougeur affreuse au front me monte !
Ah ! Va-t’en ! Je me meurs de honte
Et d’horreur !

ASLAR, avec joie.

Ah ! Tu vois donc en moi le miroir de ta faute !
Oui, c’était une épreuve, et Dieu t’en fait vainqueur !
Christ, sois béni ! Son âme est encor pure et haute !

Il lui prend les mains.

Écoute : j’ai menti,
Et l’on te croit par mes ordres parti
Pour assurer notre victoire.
Déjà par les guerriers de la Montagne-Noire
Tout ce pays est investi.
Cette nuit, dans une heure,
Au cri : « Que Satan meure ! »
Nous surprendrons les Turcs par la flamme et le fer…

Fusillade. Bruit de combat au dehors.

Entends-tu ces alarmes ?
Lève-toi ! Prends tes armes !
Suis-moi dans la mêlée où succombe l’enfer !

MIRKO, avec désespoir.

Je ne puis plus ! Je suis un lâche !

Avec un geste désespéré.

Maudite soit la femme et maudit soit l’amour !
Mes bras ont déserté leur héroïque tâche ;
Mes yeux ont oublié la lumière du jour !
Tous les degrés de l’infamie,
Je le sens, je les franchirai !
Mes frères, je les livrerai,
Pour un baiser de l’ennemie !
Va-t’en ! Je suis perdu ! je suis déshonoré !

ASLAR, violemment.

Tu mens !