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ÉLÉONORE.

Pardonnez-moi, Mademoiſelle, ſi je ne vous le dis pas. (bas) c’eſt la riche Merciére, qui demeure ici.

HÉLÈNE.

Je ne ſuis pas curieuſe de le ſçavoir. Je ſçais fort bien, qu’il y à dans cette ville plus d’une Femme d’un caractère ſurprenant. Mais puisque vous êtes dans l’opinion, que mon Frère Éraſte pourroit ſe corriger, en voyant combien ces qualités ſont ridicules dans une perſonne qui les poſſède au plus haut dégré. J’en uſerai de même envers Monsr. Apicius, car je parlai la ſemaine dernière à une Dame, qui me parût avoir le caractère & les qualités qu’il cherche. Elle les poſſède ſi éminemment, que je ſuis certaine, que, quoique votre Frêre les aime, il ne ſe retirera d’auprès de cette Femme, qu’avec un dégoût extrême pour ſes défauts. Je ne ſçaurois dire ſi cette Perſonne eft veuve, ou encore Fille.

ÉLÉONORE.

Cela n’importe. Mais demeure-t-elle dans le voiſinage ?

HÉLÈNE.

Pardonnez, ſi je ne puis pas le dire. Je ſuis capable de retenir ma langue auſſi bien que vous : (à part) c’eſt la Mercière, qui demeure dans cette maiſon.

ÉLÉONORE.

De quel caractère l’avez-vous donc trouvée ?