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sent, le diable en le maudissant ne fait que ce qu’il doit, puisqu’il ne peut que ce que Dieu veut  ; par conséquent ce n’est pas le Diable, mais Dieu même qui se maudit  ; chose absurde, s’il en fût jamais  ! S’il n’y consent pas, il n’est pas vrai qu’il soit Tout-Puissant, & par conséquent il y a deux principes, l’un du bien & l’autre du mal  ; l’un qui veut une chose, l’autre qui veut le contraire. Où nous conduira ce raisonnement  ? À faire avouer sans réplique que ni Dieu ni le Diable, ni le Paradis, ni l’Enfer, ni l’âme ne sont point ce que la religion les dépeint, & que les Théologiens, c’est-à-dire ceux qui débitent des fables pour des vérités, sont des gens de mauvaise foi, qui abusent de leur crédulité des peuples pour leur insinuer ce qui leur plaît, comme si le vulgaire était absolument indigne de la vérité, ou ne dût être nourri que de chimères, dans lesquelles un homme raisonnable ne voit que du vuide, du néant & de la folie.

Il y a longtemps que le monde est infecté de ces absurdes opinions ; cependant, de tout temps, il s’est trouvé des esprits solides & des hommes sincères, qui, malgré la persécution, se sont récriés