Page:Holbach - Traité des trois imposteurs, ed. de Londres, 1777.djvu/58

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Jérôme[1] comme un homme dont la vertu faisoit honte aux meilleurs chrétiens & dont la vie était si tempérante, que ses meilleurs repas n’étoient qu’un peu de fromage, du pain & de l’eau. Avec une vie si frugale, ce philosophe, tout payen qu’il était, disait qu’il valait mieux être infortuné & raisonnable que d’être riche & opulent sans avoir de raison  ; ajoutant qu’il est rare que la fortune & la sagesse se trouvent réunies sous un même sujet, & qu’on ne sauroit être heureux ni vivre satisfait qu’autant que notre félicité est accompagnée de prudence, de justice & d’honnêteté, qui sont les qualités d’où résulte la vraie & la solide volupté.

Pour Epictète, je ne crois pas que jamais aucun homme, sans excepter Jésus-Christ, ait été plus ferme, plus austère, plus égal, & ait eu une morale pratique plus sublime que la sienne. Je ne dis rien qu’il ne me fut aisé de prouver si s’en étoit ici le lieu, mais de peur de passer les bornes que je me suis prescrites, je ne rapporterai, des belles actions de sa vie, qu’un seul exemple. Étant esclave d’un affranchi, nommé Epaphrodite, Capitaine des Gardes de Néron, il prit

  1. Liv. 2, contre Jovinien, chap. 8.