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§. 11.

Mais, pour revenir aux législateurs, il n’y en a point eu qui n’aient fait émaner leurs loix[1] de quelques Divinités, & qui n’aient tâché de persuader qu’ils étaient eux-mêmes quelque chose de plus que de simples mortels. Numa Pompilius ayant goûté les douceurs de la solitude, eut peine à la quitter, quoique ce fut pour remplir le trône de Romulus, mais s’y voyant forcé par les acclamations publiques, il profita de la dévotion des Romains, & leur insinua qu’il conversait avec les Dieux, qu’ainsi, s’ils le voulaient absolument pour leur Roi, ils devaient se résoudre à lui obéir aveuglément & observer religieusement les lois & les instructions divines qui lui avaient été dictées par la Nymphe Égérie.

Alexandre le Grand n’eut pas moins de vanité ; non content de se voir le maître du monde, il voulut qu’on le crût fils de Jupiter. Persée prétendait aussi tenir sa naissance du même Dieu & de la Vierge Danaé. Platon regardait Apollon comme son père, qui l’avait eu d’une Vierge. Il y eut encore d’autres per-

  1. Voyez Hobbes, Leviathan : de homine cap. 12, p. 59 & 60.