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sont. La vérité, de quelque nature qu’elle soit, ne peut jamais nuire, au lieu que l’erreur, quelque innocente & quelque utile même qu’elle paraisse, doit nécessairement avoir à la longue des effets très funestes.

§. 2.

La crainte qui a fait les Dieux a fait aussi la Religion, & depuis que les hommes se sont mis en tête qu’il y avoit des anges invisibles qui étoient cause de leur bonne ou mauvaise fortune, ils ont renoncé au bon sens & à la raison, & ils ont pris leurs chimères pour autant de divinités qui avoient soin de leur conduite. Après donc s’être forgé des Dieux, ils voulurent savoir quelle étoit leur nature, & s’imaginant qu’ils devoient être de la même substance que l’âme, qu’ils croient ressembler aux fantômes qui paraissent dans le miroir ou pendant le sommeil  ; ils crurent que leurs Dieux étoient des substances réelles  ; mais si ténues & si subtiles que, pour les distinguer des Corps, ils les appelèrent Esprits, bien que ces corps & ces esprits ne soient, en effet, qu’une même chose, & ne diffèrent que du plus ou moins, puisqu’être Esprit ou incorporel, est une chose incompré-