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qu’il n’y a rien dans la nature qui ne soit fait pour eux, & dont ils ne puissent jouir & disposer  ; mais comme ils savent que ce n’est point eux qui ont fait toutes ces choses, ils se sont crus bien fondés à imaginer un être suprême auteur de tout en un mot ils ont pensé que tout ce qui existe était l’ouvrage d’une ou de plusieurs Divinités. D’un autre côté la nature des Dieux que les hommes ont admis leur étant inconnue, ils en ont jugé par eux-mêmes, s’imaginant qu’ils étaient susceptibles des mêmes passions qu’eux  ; & comme les inclinations des hommes sont différentes, chacun a rendu à sa Divinité un culte selon son humeur, dans la vue d’attirer ses bénédictions & de la faire servir par là toute la nature à ses propres désirs.

§. 4.

C’est de cette manière que le préjugé s’est changé en superstition  ; il s’est enraciné de telle sorte, que les gens les plus grossiers se sont crus capables de pénétrer dans les causes finales comme s’ils en avaient une entière connaissance. Ainsi, au lieu de faire voir que la nature ne fait rien en vain, ils ont cru que Dieu & la nature pensoient à la façon des hommes.