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BÉTHUNE. Voy. Sully.

BÉTHUNE (Quesnes ou Coesnes de), poète français, vivait dans la seconde moitié du douzième siècle. Après avoir longtemps voyagé hors de ! a France, il y revint en 1180, et c’est de cette époque que date son amour pour la comtesse de Champagne, bien qu’elle eût dix ans de plus que lui. Il accompagna Baudouin, comte de Flandre, dans son expédition en Orient, et planta le premier le drapeau des Latins sur les murs de Constantinople. En l’absence et après la mort de l’empereur Baudouin, Quesnes de Béthune fut plusieurs fois chargé de gouverner, et s’acquit autant de réputation par ses talents politiques que par ses vers et par sa bravoure. Ses poésies ayant déplu à la reine Alix de Champagne, qui les trouva surannées, Béthune s’en vengea par de nouvelles compositions, et réussit parfaitement dans la satire.

On a de lui neuf chansons fort remarquables, insérées dans le Romancero de M. Paulin Paris ; Paris, 1833, p. 77-110, avec des notes et une notice biographique.

Duchesne, Histoire de la famille de Béthune.

BÉTHUNE (Armand-Joseph de), duc de Charost, économiste et philanthrope, né à Versailles le 1er juillet 1738, mort à Paris le 27 octobre 1800. Il se montra toute sa vie le digne descendant de Sully par son inépuisable bienfaisance. Dès l’enfance il eut l’amour des lettres, et composa, à l’âge de neuf ans, ses mémoires sous le titre de Souvenirs. En 1745, le récit de la bataille de Fontenoy l’appela dans les camps à l’âge de seize ans, et il obtint bientôt un régiment de cavalerie, où il fit et inspira des prodiges de valeur. Ses connaissances militaires et son courage furent plus d’une fois utiles au maréchal d’Armentières, et souvent il donna à ses officiers, à ses soldats, des gratifications et des pensions qu’il leur disait être accordées par l’État. C’est ainsi qu’il fit établir, à ses frais, un hôpital près de Francfort, où beaucoup de malades furent sauvés de l’affreuse épidémie qui ravageait l’armée pendant les cinq années qu’il fit la guerre. En 1758, il envoya toute sa vaisselle plate à la monnaie pour subvenir aux besoins de l’État, en disant : « Puisque je dois ma vie à la patrie, je puis bien lui donner mon argenterie. » En 1763, il rentra dans la vie civile. En 1765, il se livra à l’agriculture, et s’occupa de doter le Berry de plusieurs routes.

Vingt ans avant la révolution, il écrivit contre la féodalité, et abolit les corvées dans ses vastes domaines seigneuriaux ; il forma un plan d’amortissement de ses cens et rentes, convertit les banalités en abonnements, et ne conserva, avec des doits modiques, que ceux des fours communs. Enfin, il supprima purement et simplement un droit injuste de minage dont on lui offrait 10, 000 livres de rente, et indemnisa ceux qu’avaient lésés différentes mesures employées au profit de ses ascendants. Il serait trop long d’énumérer tous les actes de loyauté et de générosité dont cette vie exemplaire a été remplie. Jamais Béthune n’abaissa la noblesse de son caractère devant Mme du Barry, ce qui n’empêcha point Louis {{|XV}} de dire de lui à ses courtisans : « Regardez ce petit homme : il n’a pas beaucoup d’apparence, mais il vivifie quatre de mes provinces ! » Dans l’assemblée des notables, il se prononça pour l’égalité de l’impôt, et embrassa l’esprit de la révolution, à laquelle il fit un don volontaire de 100, 000 liv. avant le décret sur la contribution patriotique, acheminement aux pertes immenses qu’il subit sans douleur et sans regret.

Sous la terreur, Béthune fut jeté dans les cachots, et passa six mois à la Force, d’où il ne sortit que par suite des événements du 9 thermidor. Après le 18 brumaire, il fut nommé maire du dixième arrondissement. On a de lui : Vues générales sur l’organisation de l’Instruction rurale ; Paris, 1795, in-8o ; — Résumé des vues et des premiers travaux de la Société d’agriculture et d’économie rurale de Meillaret ; Paris, 1799, in-8o, dont il était le fondateur et le protecteur ; — Mémoires sur les moyens de détruire la mendicité ; sur les moyens d’améliorer dans les campagnes, et sur le sort des journaliers ; — sur le projet d’une caisse rurale de secours, etc.

P. de Gembloux

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Silvestre (baron A.-F.), Notice biographique sur Armand de Bèthune-Charost (Mémoires de la Société d’Agriculture de Paris, an IX). — Jarry de Mancy (A.), les Hommes utiles, in-8o. — Aignan, Biographie de Bethune-Charost, dans l’Annuaire du Berry. — Chevalier de Saint-Amand, Biographie du duc de Bèthune-Charost.

BÉTHUNE (Philippe de), comte de Selles et de Charost, diplomate français, sixième fils de François, baron de Bosny, et frère puiné de Maximilien de Béthune, duc de Sully ( voy. ce nom), mourut en 1649. Gentilhomme de la chambre du roi Henri III, il suivit, après la mort de ce prince, le parti de Henri IV, qu’il servit dans toutes ses guerres avec autant de bravoure que de dévouement. En 1599, il fut chargé de l’ambassade d’Ecosse ; et de celle de Borne, en 1601. Il négocia avec le duc de Savoie et de Mantoue, et conclut en 1649 le traité de Pavie ; il contribua à la réconciliation de la reine Marie de Médicis avec Louis XIII, et prit part, en 1624, aux négociations de la France avec l’empereur Ferdinand II. Ambassadeur de Louis XIII auprès du pape Urbain VIII, il signa en 1627, avec l’Espagne, un traité relatif à la Valteline, et il réussit enfin, en 1629, dans un projet d’union, contre la maison d’Autriche, entre la France, le pape et les Vénitiens. Après une existence aussi occupée, Philippe de Béthune alla se reposer dans le château de Selles en Berry. On a de lui : Diverses observations et maximes politiques pouvant utilement servir au maniement des affaires publiques, imprimées à la suite de l’Ambassade de M. le duc d’Angouléme.

Son fils, né à Borne le 19 septembre 1603, mort