Page:Hoefer - Biographie, Tome 43.djvu/79

Cette page n’a pas encore été corrigée
137
SAINTE-AULAIRE - SAINTE-BEUVE

la session de 1829, il entra cette année même àla chambre des pairs. Il était à Amsterdam lorsqu’il apprit les ordonnances de 1830 : à son retour la révolution était accomplie. Partisan convaincu du régime parlementaire, M. de Sainte- Au laire ne trouvait dans ses principes rien d’hostile au gouvernement nouveau. Il le servit donc, et ce fut dans la diplomatie que le tact du roi Louis-Philippe employa cet esprit aussi ferme que délicat. Nommé ambassadeur à Rome (mars 1831), il protégea la papauté contre les révolutionnaires italiens et contre l’ambition de l’Autriche. Envoyé en janvier 1833 à Vienne, il réussit peut-être mieux a réconcilier l’Autriche avec la royauté de 1830 qu’à résoudre à notre avantage les affaires de Syrie, et à parer l’échec diplomatique que le traité du 15 juillet 1840 infligea à la France. Ajoutons qu’il contribua beaucoup au traité du 13 juillet 1841, qui fut la revanche de celui de 1840, et où la France reprit le rang qui lui appartenait. Le 7 janvier 1841, lorsqu’il était encore à Vienne, il fut élu membre de l’Académie française, en remplacement de M. de Pastoret : sa réception eut lieu le 8 juillet suivant. L’ambassade de Londres fut comme la consécration de sa carrière diplomatique (9 sept. 1841) : les cinq années pendant lesquelles il occupa ce poste furent celles de ce qu’on appelait alors Yentente cordiale. A la fin de 1847 il demanda lui-même son rappel : il voulait reprendre sa place à la chambre des pairs ; la révolution de février en disposa autrement, et ce fût /à rédiger des Mémoires qu’il employa les loisirs que lui firent les événements. « 11 me semble que mes Mémoires, dit-il, pourraient former une histoire de la diplomatie sous le dernier règne... Les événements de notre époque .’seront odieusement travestis si nous les livrons à l’appréciation des nouveaux hommes d’État. » Marié à M de Soyecourt (1798) , puis à M Ue du Roure (1809), il eut de la première union une fille devenue ’Mme la duchesse Decazes, et de la seconde plusieurs enfants.

On a de M. de Sainte-Aulaire : Réponse au Mémoire de M. Berryer pour le général Donnadieu ; Paris, 1820, in-8o de 84 p. : trois édit. dans la même année ; — un volume du Théâtre allemand dans les Chefs-d’œuvre des théâtres étrangers ; Paris, 1823, in-8o ; — Histoire de la Fi onde ; Paris, 1827,3 vol. in 8°. Eug. Asse.

Baranle (de), Études hist. et biogr., il. — Sainl-Marc Girardin, Notice.

sajxte-beuve (Jacques de), théologien français, né le 26 avril 1613, à Paris,où il est mort, le 15 décembre 1677. Reçu docteur deSorbonne en 1638, il devint en 1643 professeur royal de théologie, et son érudition lui acquit bientôt une réputation si étendue qu’il passa pour le plus habile casuiste de son temps. Son refus de souscrire à la censure portée le 31 janvier 1656

— SAINTE-BEUVE 138

par la Sorbonnc conlre deux propositions d’Arnauld, dont la doctrine avait beaucoup d’affinité avec la sienne, lui attira quelques désagréments, et par ordre du roi, il fut obligé, le 26 février suivant, de se démettre de sa chaire. L’autorisation de prêcher lui fut en même temps enlevée ; mais comme il montra plus de soumission poulies décisions de l’Eglise en signant le nouveau formulaire prescrit le 15 février 1665 par Alexandre Vil, il fut choisi pour théologien du clergé de France, qui lui donna une pension de 1,000 livres et le chargea, dans son assemblée de Mantes, de composer une Théologie morale. Seinte-Beuve vécut toujours au milieu de Paris dans la même retraite que s’il eût habité la solitude la plus à l’écart, sans cesse occupé de l’étude et de la prière. Évêques, chapitres, curés, religieux, princes et magistrats le consultaient, et l’on a dit de son cabinet ce que Cicéron disait de la maison d’un jurisconsulte, « que c’était l’oracle non-seulement de toute une ville , mais de tout un royaume ». Ses ouvrages, recueillis parles soins de son frère Jérôme, qu’on appelait le prieur, mort en septembre 17 11, sont : De Confirmatione ; Paris, 1686 ,in-4° ; — De Ex tréma unctione ; Paris, 1686, in-4o. Ce traité et le précédent sont dirigés contre le ministre protestant Daillé ; — Décisions de cas de conscience ; Paris, 1686, 3 vol in-4 n et in-8" : collection où les questions de discipline sont traitées à fond et où l’on trouve beaucoup de sagesse, de droiture et de prudence ainsi qu’une grande connaissance de l’antiquité. L’ancienne bibliothèque de la Sorbonne possédait de lui quelques manuscrits.

Du Pin, Biblioth. fies auteurs ecclci. — Dict. kist des aut. eccl., t. IV. — Moréri, Dtct. hist.

  • sainte-beuve ( Charles- A ugust in ) (t),

poète et critique français, néle 23 décembre 1804, à Boulogne sur-mer. Il vint au monde deux moisaprès la mort son père, qui exerçait les fonctions de contrôleur principal des droits réunis. Sa mère, femme d’une intelligence remarquable, éveilli en lui dès la première jeunesse ce sens critique qu’il devait porter à un point si particulier de finesse et de sagacité. Elle était fille d’une Anglaise. Est-ce à cet instinct originel que son fils a dû un goût, précoce pour la poésie de Cowper et de Wordsworth ? A treize ans et demi il avait terminé sa rhétorique dans une pension de Boulogne ; envoyé à Paris, il entra, en 1818, dans l’institution Landry et au collège Charlemagne, comme élève de troisième. Il fit en 1822 une seconde année de rhétorique au collège Bourbon. Après avoir achevé ses études , il embrassa la carrière médicale. Il s’adonna avec passion à l’anatomie, et obtint bientôt à l’hôpital Saint-Louis une place d’externe (1) Son père, qui croyait appartenir à la famille janséniste des Sainte-Beuve (voy. ci dessus), a signé de Sainte-Beuve jusqu’à la révolution ; le (ils n’a pas repris la parti culc.