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pocte romain, injustement délaissé et qui •araissait dans tout son éclat.

  • eu de temps avant son admission dans l’Alémie,

il avait fait paraître, sous le titre des lours mythologiques (Paris, 1320, in-S" ), recueil des plus intéressantes métamorphoses •vide. Présentée par l’auteur, non pas comme î exacte traduction d’Ovide, mais comme une île imitation, cette œuvre heureuse, dont le

cès s’est maintenu, reproduit avec beaucoup

charme et une grande richesse de style les s brillants épisodes des Métamorphoses. En ,9, M. de Pongerville avait traduit, pour la action des Classiques latins de Panckoucke, joëme de Lucrèce en prose. Il avait désiré

son poète de prédilection ne fût pas confié

’autres mains pour cette transformation plus

leste : le brillant interprète de Lucrèce en 

s n’eut pas de peine à faire oublier la pâle et i ide version de Lagrange, et, dans une prose rgique et colorée, il sut reproduire avec fidéet avec précision le mouvement, la vigueur outes les beautés variées de son modèle. Nous ouverons encore le traducteur en prose dans élégante version deVÉnéide de Virgile (1846), )lus tard dans celle du Paradis perdu de on, dont le succès a été attesté par de nomuses éditions.

,e poëte qui traduit un poète en prose apporte essairement dans ce travail les qualités de leur et de concise énergie que l’habitude de orme poétique communique au talent ; mais aussi un écuell à redouter, c’est d’altérer implicite de la prose française et de lui faire (Ire en naturel et en clarîé ce qu’elle peut ner en mouvement et en éclat. C’est au goût ’écrivain de franchir l’écueil et de se maintenir 1(8 les limites assignées à chaque genre. La ^uction du Paradis perdu par M. de «gerville offre particulièrement un exemple cette difficulté heureusement vaincue. C’est copie exacte et brillante (3e l’œuvre de Mil-

la hardiesse et la chaleur de l’original s’y

ouvent dans une mesure qui, en laissant à prose française son caractère, ne diminue en 1 la grande physionomie et les vigoureux con- ^s du poëte anglais. L’auteur des Martyrs I point réussi dans la même entreprise, et n’a iduit qu’une œuvre incomplète , déparée trop «vent par l’affectation de formes bizarres, (ingères à nos habitudes d’esprit et de lanle, et par une littéralité qui donne un calque tné de vie plutôt qu’une copie véritable. La duction de M. de Pongerville est précédée me introduction, qui renferme sur Milton et son époque de judicieux aperçus ; les porits de Cromwell et de Milton y sont tracés jic énergie ; la lutte des partis, les actes du »tecteur y sont mis en relief avec une élo- ^nte concision.

1 est malheureux que le poëte se soit arrêté «s son essor, au moment où prévalaient des PONGERVILLE

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doctrines littéraires dont il comprenait le vide et l’impuissance en même temps qu’il en pressentait les funestes résultats. Son consciencieux talent, sa poésie harmonieuse et châtiée s’accommodaient mal de ces théories nouvelles, qui, par une suite de transformations successives, et malgré de pompeuses promesses , devaient aboutir à la négation de l’art dans ce qu’il a de pur et d’élevé. Toutefois, le découragement et le silence de l’écrivain ne furent pas sans de vigoureux réveils et sans de nobles protestations. Il paya aux orages politiques le tribut du poëte, celui des beaux vers et des conseils désintéressés.

Les Épîtres aux Belges, au Roi de Bavière, au Menuisier de Fontainebleau, à M. Ingres, aux adversaires de l’indépendance de V écrivain, présentèrent sous un aspect nouveau un talent fécondé par de généreuses inspirations. Plusieurs lectures faites dans les séances de l’Académie française , Les Deux poètes, La Peine de mort, de nombreux passages d’un Poème sur l’homme, poème encore inédit, et où il traite avec vigueur et élévation un sujet que Pope et ses imitateurs. Du Resnel et Fontanes, n’ont pas épuisé, montrèrent dans l’heureux interprète de Lucrèce un poète auquel nulle question philosophique ou sociale n’est étrangère. L’avant -propos placé par lui en tête des Pensées de laprincessede Salm (1846) est remarquable par le jugement porté sur les moralistes français. On doit à M. de Pongerville un grand nombre de Notices biographiques qui ont été accueillies avec une faveur méritée. On a distingué parmi ces esquisses littéraires, toujours impartiales, celles de DeUlle, de Millevoye (1833), de Gresset, de Lemercier, de Lesueur, de Monge , d’Ovide. Enfin, une remarquable étude historique, dont plusieurs fragments ont paru dans différents recueils périodiques , le Précis de l’histoire de l’invasion anglaise en France en 1346, fera connaître M. de Pongerville comme historien. Dans une position indépendante, aimé pour son caractère, honoré pour son talent, M. de Pongerville fut souvent sollicité d’apporter aux affaires publiques le concours de son intelligence ; mais il n’accepta que les fonctions gratuites qui lui permettaient de servir l’État sans un but d’intérêt. Toutefois, cette courte étude serait incomplète si nous n’ajoutions, à la louange de l’homme, qu’il a toujours montré le plus digne exemple de la conscience et de l’équité littéraires. A cette époque de luttes ardentes où la littérature était divisée en deux camps rivaux, on l’a toujours vu, fidèle aux principes d’un goût sévère, mais jamais intolérant ni exclusif, rendre justice au talent véritable. Aujourd’hui, où il n’est guère resté que le souvenir de ces querelles passionnées , mais où deux révolutions successives , le déplacement de grandes positions politiques, le rapprocliement de hautes situations déclassées, ont amené nécessairement , à l’Académie comme