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MORGIER — MORHOF


Je donne à l’oubli le passé,
Le présent à l’indifférence,
Et, pour vivre débarrassé,
L’avenir à la Providence.

Grâce à ce badinage innocent, qui jouit d’une grande vogue, Morgier acquit la réputation d’un homme d’esprit; même après que la gazette eut cessé de paraître (1707), il fut recherché des gens du monde et des gens de lettres. La princesse de Conti, Louise-Elisabeth de Bourbon, l’admit chez elle dans une sorte de familiarité, et l’aida, dit-on, à composer ces plaisanteries dont beaucoup de sociétés faisaient leur passe-temps favori. P.

Lalanne, Curiosités littéraires. — Barjavel, Biogr. du Vaucluse.

MORHIER (Simon), prévôt de Paris sous les Anglais, né vers la fin du quatorzième siècle, mort vers 1450 ou 1455. Il était seigneur de Gilles en Chartrain, près de Nogent-le-Roi, et originaire de ce pays. Attaché au parti de Bourgogne, il suivit également celui des Anglais, et fut fait prévôt de Paris par le duc de Bedford, pour Henri VI, le 1er décembre 1422. Le prévôt de Paris, comme on sait, était le premier magistrat politique et judiciaire de la capitale. Cette charge, importante et difficile à remplir dans tous les temps, le fut particulièrement pendant les quatorze années qu’elle eut S. Morhier pour titulaire. Le prévôt de Paris dut constamment lutter, durant cette période, contre les conspirations en faveur de Charles VII, qui se fomentaient perpétuellement au dedans, et contre les tentatives militaires du dehors. Simon Morhier, apprécié par le gouvernement anglais, comme homme de guerre, fut employé dans plusieurs expéditions contre les troupes de Charles VII. En 1427, il combattait à Montargis sous les ordres des comtes de Warwick et de Suffolk, et fut fait prisonnier par les Français dans une rencontre. Rendu à la liberté, il ne tarda pas à reprendre ses fonctions de prévôt. Au mois de février 1429, le gouvernement anglais expédia de Paris un convoi destiné à ravitailler les soldats qui faisaient le siège d’Orléans. En sa qualité de Beauceron, Morhier connaissait parfaitement le pays où il s’agissait de conduire ce convoi. Il fut préposé an commandement de l’artillerie, et servit à la fois de guide et d’auxiliaire au capitaine Falstalf, chef de l’expédition. Simon Morhier prit ainsi part à la célèbre journée des harengs.

En 1429, il défendit Paris contre la Pucelle. En 1430 il était capitaine d’une nouvelle forteresse, que le gouvernement avait fait construire à Saint-Denis pour la sûreté de Paris. Dans les premiers jours d’avril 1436, une lutte décisive eut lieu entre les troupes de Charles VII et la capitale. Simon Morhier soutint avec fermeté la cause des Anglais. Lorsque les Français eurent franchi en vainqueurs les portes de la ville, le prévôt de Paris et la garnison furent refoulés dans la bastille. Bientôt S. Morhier se vît assiégé dans ce refuge, et tomba comme prisonnier au pouvoir de Denis de Chailly, chevalier français. Le prévôt de Paris vendit une partie ses terres, et recouvra de nouveau la liberté.

Le 8 juillet 1437 il était gouverneur de Dreux pour Henri VI, et suivit en Normandie les Anglais qu’il paraît avoir servis jusqu’à l’époque où leur domination cessa complétement dans le royaume. En 1438 et années suivantes nous retrouvons Simon Morhier conseiller du roi Henri VI, avec mille livres de pension, trésorier de France et de Normandie. Il prit part en cette qualité au ravitaillement de Creil, Meaux, et des diverses places que les Anglais occupaient encore dans l’Ile-de-France. Il s’entremit notamment à la défense de Pontoise, qui fût prise par Charles VII ,en 1441. Au mois de nîars 1449, peu de temps avant la campagne de Normandie, qui mit fin à la domination des Anglais, Simon Morhier habitait à Rouen l’hôtel du Jardin, et vivait dans la familiarité du duc de Somerset, régent de France pour le roi d’Angleterre (1).

Sa sœur, Thiphaine Morhier, fut mariée à Badouin, seigneur de Brichanteau; écuyer. Le fils de Baudouin, neveu du prévôt de Paris, fit homage, envers son oncle, de la terre de Brichanteau, fief dépendant de Villiers-le-Morhier. Ce neveu servit les Anglais avec le prévôt de Paris, notamment à la journée des Harengs et à la défense de Saint-Denis. Il fut tué dans cette dernière rencontre, en 1436. C’est de lui que descendent les seigneurs de Brichanteau, marquis de Nangis au dix-septième siècle.

A. V.—V.

Cabinet des titres. — Archives de la Seine-Inférieure. — Sauval, Antiquités de Paris, t. III, p. 233, etc. — Journal de Paris (édition du Panthéon), p. 669, etc. — Chroniques de Cousinot, J. Chartier (édition Vallet-Viriville). Thomas Basin aux tables. Le Feron, 1554, in.4e, prévôts de Paris. — Félibien, Histoire de Paris. — Lépinois, Histoire de Chartres. — Anselme, Hist. généalogique, au mot Morhier.

MORHOF (Daniel-Georges), célèbre érudit et bibliographe allemand, né à Wismar, le 6 février 1639, mort à Lubeck, le 30 juillet 1691. Élevé sous la direction de son père, greffier du tribunal de Wismar, il étudia à Rostock le droit, les mathématiques et l’histoire, et y apprit aussi les principaux idiomes de l’Europe moderne. Un poëme comique, qu’il composa en 1659 sur une cigogne tuée par accident, lui valut l’offre de la chaire de poésie; il l’accepta sous la condition de pouvoir, avant d’entrer en fonction, voyager pendant quelque temps. Après avoir visité la Hollande et l’Angleterre, il prit possession de sa chaire à la fin de 1661. Nommé en 1665 professeur d’éloquence et de poésie à Kiel, il se rendit en 1670 de nouveau en Hollande, où il

(1) L’époque de sa mort ne nous est point exactement connue. Mais elle doit avoir suivi d’assez près l’expulsion complète des Anglais (1453). Le 7 mars 1456 Jean Morhier, chevalier, fils de Simon et de Jeanne de Lagny, est qualifié, à son tour, seigneur de Villiers, titre héréditaire et patrimonial dans cette famille. Il y a lieu de croire par conséquent que Simon n’existait plus à cette dernière date.