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ALEXANDRE (Princes anciens, judée, macédoine)

qui l’accusaient de suivre le parti des sadducéens. Dès ce moment il ne voulut plus confier sa personne à ses concitoyens, et prit à sa solde six mille mercenaires. La haine dégénéra bientôt en une révolte ouverte en 95 avant J.-C. Pendant qu’Alexandre officiait comme grand prêtre dans la cérémonie de la fête des Tabernacles, la multitude lui lança des citrons, l’accablant de violents reproches. À cette sortie, il lâcha ses soldats, qui tuèrent près de six mille hommes du peuple. Depuis ce moment, il ne se montra plus en public qu’accompagné d’une garde de Libyens et de Pisidiens.

Alexandre tourna ensuite ses armes contre les pays situés à l’est du Jourdain : il réduisit, en 94 avant J.-C, les Arabes de Giléad et les Moabites. L’année suivante, il s’empara de la forteresse d’Amathus, qu'il avait d’abord assiégée vainement. Il marcha ensuite contre Obodas, émir des Arabes de Gaulonitis, et tomba dans une embuscade dans les montagnes près de Gadara : son armée fut taillée en pièces, et lui-même échappa avec peine au massacre. Ce revers devint le signal d’une nouvelle révolte de ses sujets, excités par les pharisiens. Elle fut suivie d’une sanglante guerre civile, où périrent dit-on, près de cinquante mille insurgés. Au rapport de Josèphe, Alexandre inspirait une telle aversion à ses sujets, que, interrogés sur ce que le roi pouvait faire pour les calmer, ils répondirent : « Qu'il nous fasse mourir ! » Les rebelles, qui avaient pour alliés les Arabes, les Moabites, et Démétrius-Eucœrus, roi de Damas, eurent d’abord l’avantage : ils forcèrent le roi à se réfugier dans les montagnes, après avoir décimé son armée de mercenaires grecs (86 avant J.-C). Mais, plus tard, six mille Juifs désertèrent la cause des rebelles, et prêtèrent assistance à Alexandre, qui remporta une victoire décisive. Les actes d’atrocité qu'il commit à cette occasion lui valurent le surnom de Thrace : huit cents des principaux chefs rebelles furent crucifiés, et, pendant qu'ils étaient attachés à la croix, le roi faisait massacrer à leurs pieds leurs femmes et leurs enfants, et servir un dîner somptueux. Dès ce moment, il n’y eut plus d’insurrection.

Alexandre fit ensuite, pendant trois ans, une guerre heureuse, et agrandit beaucoup son royaume. En 82 avant J.-C, il revint à Jérusalem, où il mena une vie de débauche, et mourut d’une fièvre quarte, après vingt-sept ans de règne. Il laissa le royaume à sa femme Alexandra, avec le conseil de rechercher l’appui des pharisiens. Nous avons d’Alexandre Jannée plusieurs médailles : d’un côté, on lit, en grec, Άλεξάνδρου βασιλέωζ ; de l’autre, en hébreu, ידגכחד d’où l’on peut conclure que son véritable nom était Jonathan, changé par les Grecs en Jannée (Ίανναῖοζ).

Josèphe, Judaïc. Antiq., XIII, c. xii-xv. — Gesenius, dans Ersch et Gruber, Encyclopédie allemande. — Jost, Histoire des Israélites (en allemand}.


ALEXANDRE, prince de Judée, mort en 49 avant J.-C 11 était fils d’Aristobule II et petit-fils a d’Alexandre Jannée. Après la conquête de la Judée en 63 avant J.-C, il fut emmené prisonnier à Rome avec sa famille par Pompée, et figura dans le triomphe de ce général romain. Il s’échappa de sa captivité, et reparut en Palestine vers 57 avant J.-C. Il parvint à rassembler dix mille hommes de pied et quinze cents chevaux. Il fortifia les châteaux d’Alexandrion et de Macheron au pied des montagnes d’Arabie, et fit de là des incursions dans toute la Judée. Hircan, que Pompée avait mis sur le trône, hors d’état de lui résister, implora le secours des Romains. Gabinius, proconsul de la Syrie, détacha son lieutenant Marc-Antoine, qui défit Alexandre près de Jérusalem. Pendant un voyage de Gabinius en Égypte, ce prince se souleva de nouveau, et fut de nouveau défait près du mont Thabor (56 avant J.-C.) L’année suivante, Gabinius fut rappelé du gouvernement de la Syrie, qu’il céda à Crassus. Après la mort de celui-ci (en 53 avant J.-C), Alexandre leva de nouvelles troupes. Mais lorsque Cassius vint en Judée (52 avant J.-C.) avec les débris de l’armée de Crassus, il força le prince juif à accepter la paix. Au moment où éclata la guerre civile entre César et Pompée (49 avant J.-C.), le premier résolut de renvoyer Aristobule en Judée ; mais quelques partisans de Pompée l’empoisonnèrent le jour même de sa mise en liberté. Alexandre, qui se disposait à recevoir son père, fut arrêté et mis à mort par Q. Métellus Scipion, gendre de Pompée. — Cette histoire d’Alexandre et de son père Aristobule est assez obscure et embrouillée. Les historiens romains n’en ont parlé que très-incidemment.

Josèphe, Antiq. Jud., XIV, 5-7 ; Bellum Jud., I, 8, 9.

D. Alexandre de Macédoine.

ALEXANDRE (Άλέξανδροζ), nom de cinq rois de la Macédoine, dont le plus célèbre est Alexandre III, surnommé le Grand. Les voici dans l’ordre chronologique :

ALEXANDRE Ier, dixième roi de Macédoine, surnommé le Riche, mort vers 462 avant J.-C. Il était fils d’Amyntas Ier, auquel il succéda l’an 500 avant J.-C. Il fit massacrer, par des femmes armées, les envoyés perses qui venaient demander à tous les Grecs de la terre et de l’eau, en signe de soumission absolue. Il apaisa la colère du satrape Mégabase en donnant sa sœur Gyge à Bubarès, général perse, et en le comblant de riches présents. Ces faits se passèrent encore du vivant d’Amyntas, vers 507 avant J.-C. En 492, la Macédoine fut complètement soumise par Mardonius (Hérodote, VI, 44). Dans la seconde invasion des Perses, en 480 avant J.-C, Alexandre fut contraint de fournir au roi de Perse des troupes auxiliaires contre la Grèce. Après la bataille de Salamine, Mardonius, posté en Thessalie envoya Alexandre