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mes et à beaucoup d’[1] autres Créatures vivantes[2], aussi bien dans le sommeil qu’à l’état de veille.

La décroissance de la Sensation à l’état veille n’est pas la décroissance du mouvement qui se fait dans la Sensation, mais un obscurcissement de ce mouvement[3], de même que la lumière du Soleil fait pâlir celle des Étoiles ; les Étoiles en effet n’exercent pas moins la vertu qui nous les rend visibles dans le jour que dans la nuit. Mais, comme parmi toutes les impressions que nos yeux, nos oreilles et nos autres organes reçoivent[4] des corps extérieurs, celle qui prédomine est seule sensible, il s’ensuit que, la lumière du Soleil étant prédominante, l’action des étoiles ne nous affecte pas[5]. Et si un objet se trouve éloigné de nos yeux, bien que demeure l’impression qu’il a faite sur nous, d’autres objets [plus présents] survenant et nous impressionnant à leur tour, l’Imagination du passé s’obscurcit et s’affaiblit cependant, comme le fait une voix dans le bruit du jour[6]. D’où il s’ensuit que plus long est le temps qui s’est écoulé après la vision ou la sensation d’un objet, plus faible en est l’Imagi-

  1. Le latin dit : « et à presque tous les ».
  2. Le latin dit : « animaux ».
  3. La traduction du texte latin est la suivante : « Ce qui fait que, lorsque l’objet est éloigné, le fantôme s’estompe, n’est pas un affaiblissement du mouvement produit dans l’acte de sentir, mais l’occupation (præoccupatio) des organes par d’autres objets ».
  4. Addition du texte latin : « pendant le jour ».
  5. Le latin dit « nous affecte moins ».
  6. G. Lyon (La Philosophie de Hobbes, Paris, Alcan, 1893, page (98), traduit ainsi ce membre de phrase « comme la voix d’un homme dans le bruit du jour ».