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caractère de valeur adaptative comparable au fait morphologique d'avoir cinq doigts ou au fait physiologique de marcher sur les deux extrémités postérieures qui est la façon humaine de marcher, dans laquelle rentrent les façons particulières de marcher des différents hommes. Elle a en effet contribué pour sa part à faire qu'il existe des hommes, qu'ils ont persisté en tant qu'hommes et qu'ils persistent encore. La conception du général et du nécessaire sans laquelle aucun homme ne pourrait subsister, puisque n'aboutissant à d'autre connaissance que la particulière il serait même incapable de prudence, entre au premier chef dans la façon humaine de penser et, il en est de même de notre concept de mécanisme. L'individu tient donc ces concepts d'où procède la science, puisqu'en dérive le postulat causal qui en est le fondement, de ses ancêtres chez qui, comme les autres caractères naturels, ils se sont développés sous l'influence des circonstances et suivant un processus qui dans le cas particulier reste à déterminer. Et la Logique vue en elle-même est le résultat des progrès incessants que réalise l'entendement humain s'adaptant de mieux en mieux aux conditions de la vie humaine. De même qu'on développe ses muscles par le travail, on développe la Logique en soi par l'exercice, et, ainsi, au cours des générations, se poursuit la spécialisation intellectuelle. Envisagée en tant que connaissance, la Logique est celle des résultats accumulés de l'expérience acquise au cours dès siècles par l'entendement humain s'appliquant à interpréter les données des observations et des expériences humaines. Envisagée en tant qu'art d'application, elle est celui d'utiliser l'entendement humain à l'édification de la Science.