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ail

dommage pour soi (29) ? Et si ce n'est pas contre la Raison ce n'est pas (3o) contre la Justice [ ou bien c'est alors que la Justice ne doit pas être considérée comme un bien]. C'est avec de tels raisonnements que l'on a pu donner le nom de Vertu à la perversité qui Réus- sit, et, que certains qui, en tout autre ordre de matière, l'ont détendue, ont cependant permis la violation de Foi quand il s'agit de gagner un Royaume (3i). Les Païens qui croyaient que Saturne avait été déposé (3a) par [son fils] Jupiter croyaient pourtant que le même Jupiter était (33) le vengeur de l'Injustice. C'est un peu comme dans un article de Loi des Commentaires de Coke, sur Lit-leton où il est dit Si l'Héritier légitime de la Cou- ronne est convaincu de Trahison, la Couronne cepen- dant doit lui revenir, et, eo instante il n'y a plus de Flé- trissure (34). De ces exemples, on pourrait fort bien être tenté de conclure que, quand l'Héritier présomp- tif d'un Royaume tuera le roi actuel, bien que ce soit son Père, qu'on appelle cela Injustice ou de quelque autre nom que l'on voudra, cela ne saurait cependant être contre la Raison, puisque toutes les actions volon- taires des hommes tendent à leur propre bénéfice et que (29) Le latin ajoute « mais qu'un grand bien doit au con- traire s'ensuivre ».

(30) Le latin dit « comment serait-ce ».

(31) Le latin dit « C'est d'un semblable raisonnement qu'est venu que des crimes à résultats heureux ont été tenus par quel- ques-uns pour des actes de vertu, et, que l'on a pensé que, s'il s'agissait de régner, on pouvait violer sa foi ».

(3a) Le latin dit « chassé du çief ».

(33) Le latin dit « regardaient pourtant Jupiter comme ». (34) Le latin dit « De. même, certains de nos juristes ont pensé que l'héritier d'un royaume, même s'il est traître, doit succéder ou trône aussitôt la mort du roi- ».