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car, les liens que sont les paroles sont trop faibles pour brider l'ambition, l'avarice, la colère et les autres Pas- sions humaines, en l'absence de la crainte d'une Puis- sance coercitive et l'on ne peut supposer que cette crainte existe dans la condition de simple Nature où tous les hommes sont égaux et juges du bien-fondé de leurs propres craintes. Celui qui dans ce cas s'exécute le premier ne fait par conséquent que se livrer à son ennemi, ce qui est contraire au Droit (qu'il ne peut jamais abandonner) de défendre sa vie et ses moyens d'existence].

Mais, dans un état civil, où il existe une Puissance -établie pour contraindre ceux qui sans cela violeraient leur foi, cette crainte n'est plus raisonnable, et, par conséquent, celui qui, d'après le Pacte, doit s'exécu- ter le premier est obligé de le faire (88).

La cause de crainte qui rend (89) un Pacte [de ce genre] invalide doit [toujours] être quelque chose qui survient, (go) le Pacte [une fois fait], par exemple un fait nouveau ou quelqu'autre signe d'une Volonté de ne pas s'exécuter (gi) autrement la cause de crainte (88) Dans le texte latin cette phrase est remplacée par « Dans un état civil celui qui s'exécute le premier est certain que l'autre s'exécutera, parce qu'il y a quelqu'un pour l'y contraindre. Par conséquent, à moins qu'il n'y ait de puissance commune coerci- tive, celui qui s'exécute le premier se livre à son ennemi, contrai- rement au droit naturel qui prescrit de se défendre soi et ses biens ». La dernière partie de cet alinéa correspond à peu près à la dernière partie de l'alinéa précédent du texte anglais. (8g) Le latin dit « de soupçon capable de rendre ». (go) Le latin dit « suit ».

(91) Le latin dit « et qui serait le signe d'une volonté de ne pas s'exécuter n