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tement et si catégoriquement profession de nominalisme qu'il nous semble à certains égards un champion attardé des luttes de jadis.

§I. ― Les limites de la Philosophie.
L'objet de la Science.

Occam, le rénovateur du nominalisme au xive siècle, restreignait aux seuls corps matériels les limites de nos spéculations. C'est cette conception que Hobbes reprend et dont il fait le point de départ de toute sa théorie de la Science.

D'abord, il ramène la Philosophie à la Science, puis il donne à cette dernière pour seul et unique objet les corps et leurs accidents, c'est-à-dire les seules données de l'observation et de l'expérience.

Au Chapitre premier de la Logique intitulé de Philosophia[1], est énuméré en détail tout ce que la Philosophie, c'est-à-dire la Science, rejette ainsi de son sein, C'est d'abord la Théologie ou Doctrine de la nature et des attributs de Dieu ; c'est ensuite la doctrine des Anges et d'une façon générale toute doctrine qui naît de l'inspiration ou de la révélation ; c'est ensuite encore, l'Astrologie dont les bases positives sont décidément aux yeux de notre philosophe insuffisamment solides, puis l'Histoire tant naturelle que politique, pour des motifs


    dit ceci : « La Physique est donc une chose toute nouvelle. Mais la Politique l'est encore bien plus. Elle n'est pas plus ancienne que mon De Cive. Je le dis hardiment, etc… ».

  1. Élément, philosoph., sect. prima. De Corpore. P. I. Logica.