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sible pour personne. Comte est celui qui synthétisa, développa avec une maîtrise incomparable des idées qui à toutes les époques avaient eu leurs représentants ; il fut assez heureux pour les reprendre au moment même où l'esprit humain pouvait les accueillir.

Celui qui voudrait entreprendre la tâche compliquée, mais combien profitable, d'écrire une histoire du positivisme de sa plus lointaine origine à nos jours, devrait en effet remonter jusqu'aux physiciens de l’École Ionienne et à Démocrite pour qui la philosophie se confondait avec la connaissance des corps matériels. De là, suivant l'ordre de la chronologie, il en viendrait à ces fameux sophistes tant décriés et dont l'un, Protagoras, qui est parmi ceux qu'on épargne le moins, passe pour avoir été le premier des relativistes le peu que nous savons du mouvement des idées, en Grèce, à cette époque, nous permet en tout cas de penser qu'un sensualisme radical avait alors conduit certains philosophes à une forme d'idéalisme qui ne devait, fondamentalement du moins, guère différer de celle de l'idéalisme berkleyien au xviiie siècle[1] et, il me paraît hors de doute, sans avoir besoin d'entrer à ce sujet en de longs développements, que l'idéalisme est la seule attitude que puisse tenir un esprit vraiment positif en pré-

  1. Voir à propos de Protagoras en tant que précurseur du positivisme moderne Flint. Antitheistic Theories, 1879. Ern. Laas Idealismus and Positivismus, Berlin, 1883, ainsi qu'un article paru l'année suivante dans la Revue trimestrielle de Philosophie scientifique publiée par Avenarius.