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La tendance d'esprit, bien plutôt que le système, à laquelle, depuis Comte, on s'accorde à donner le nom de positivisme[1](6) est bien plus ancienne que l'expression de ses vues dans son enseignement et dans ses écrits. Spencer l'établit nettement au troisième chapitre de son livre sur la Classification des Sciences[2], et, Comte lui-même avait su le reconnaître avec la plus entière bonne foi[3]. Le doute aujourd'hui n'est pos-


  1. L'expression « philosophie positive » serait due à Comte, qui l'aurait construite, si l'on en croit ce qu'il dit dans l'avertissement de la première édition du Cours de Philosophie positive. Paris, 1830. C'est inexact. Le terme « philosophie positive » avait été employé, et dans la même acception, par Saint-Simon à qui Comte doit beaucoup plus qu'on ne le mentionne généralement (Voir par exemple une correspondance avec M. de Redern qui daterait de 1811. Œuvres de Saint-Simon et d'Enfantin. Paris. E. Dentu, 1868, T. XV de la Collection générale, page 109).
  2. Herbert Spencer : Classification des Sciences. Traduction F. Réthoré, Paris, Germer Baillière, 1881.
  3. Voir Cours de Philosophie positive. Paris, 1830. Avertissement de la première édition : « Il y a sans doute beaucoup d'analogie entre ma philosophie positive et ce que les savants anglais entendent, depuis Newton surtout, par philosophie naturelle ». Voir aussi Loco citato, Première leçon, où il parle « du grand mouvement imprimé à l'esprit humain… par l'action combinée des préceptes de Bacon, des conceptions de Descartes et des découvertes de Galilée » comme marquant « le moment où l'esprit de la philosophie positive a commencé à se prononcer dans le monde, en opposition évidente avec l'esprit théologique et métaphysique ». Notons que Comte ne mentionne pas ici le nom de Hobbes. Ses œuvres ne figurent pas dans la liste de celles dont il conseille la lecture. Un jour, le huitième du onzième mois (Descartes, La philosophie moderne) lui est cependant consacré dans le calendrier positiviste, et, comme, ailleurs, il le cite et le discute, on peut tenir pour assuré qu'il le connaissait, peut-être même de première main, au moins dans certaines parties de son œuvre.