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Dans n’importe quel Discours, si le défaut de Discrétion est évident, quelqu’extraordinaire que soit l’Imagination, le discours tout entier doit être considéré comme un signe de manque d’esprit[1], et, il n’en est jamais ainsi, lorsque la Discrétion est manifeste, l’Imagination serait-elle aussi vulgaire que faire se peut [2].

Nos secrètes pensées[3] courent sur toutes choses saintes, profanes, propres, obscènes[4], graves et légères, sans honte, sans reproche, chose impossible dans le discours verbal au-delà de la limite permise par le Jugement relativement au Temps, au Lieu[5] et aux Personnes. Un Anatomiste ou un Médecin peut exprimer verbalement ou écrire ce que bon lui semble sur des choses malpropres[6] parce que son but n’est pas de plaire mais de servir ; mais qu’un autre écrive sur ces sujets ce qui lui vient à l’esprit d’extravagant et de plaisant, c’est comme si, après s’être roulé dans la fange, on venait se présenter en bonne compagnie[7]. [Et, c’est le manque de Discrétion qui fait la différence.] De même, dans le laisser aller [voulu] de l’esprit et dans, une société familière, on peut[8] (53) s’amuser des

  1. Le latin dit : « quelqu’agréable que puisse être l’Imagination, l’esprit manquera (desiderabitur Ingenium) ».
  2. Le membre de phrase à partir de : « , et, il n’en est» est remplace dans le texte latin par : « Si le jugement est manifeste, l’imagination serait-elle vulgaire, on louera cependant l’esprit ».
  3. Le latin met le singulier.
  4. « obscene » en anglais « immunda » en latin.
  5. Le latin met le pluriel : « circa tempora, loca ».
  6. « of unclean things » en anglais ; « de rebus obscænis en latin.
  7. Toute la phrase à partir de « mais qu’un autre… » est remplacée dans le latin par ces seuls mots : « mais, à d’autres cela n’est pas permis, parce que cela ne répond à aucune utilité ».
  8. Le latin dit : « il n’est pas malséant de… ».