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Vil [et Indigne d’être pris en considération]. Les mots Bon, Mauvais et Méprisable sont donc toujours employés[1] relativement à la personne qui s’en sert ; il n’existe rien qui le soit purement et absolument ; on ne peut non plus fonder une Mesure[2] commune du Bien et du Mal[3] sur la nature des objets eux-mêmes[4], mais bien (, là où il n’y a point d’État), sur la Personne de celui qui parle, ou (, dans un État), soit sur la Personne qui représente l’État, soit sur un Arbitre ou un Juge que les parties en présence auront convenu de constituer et dont elles feront de la sentence la Règle du Bien et du Mal[5].

Pulchrum. Turpe. — La Langue Latine a deux mots dont la signification approche de celle des mots Bien et Mal, sans être cependant précisément la même. Ce sont Pulchrum et Turpe. Le premier signifie ce qui, par quelques signes apparents, promet le Bien, et, le second ce qui promet le Mal. Mais, dans notre Langue, nous n’avons pas de noms correspondants d’une expression aussi générale. Pour Pulchrum nous disons, dans certains cas, Fayre, dans d’autres Beautifull ou Handsome ou Gallant ou Honourable ou Comely ou Amiable, et, pour Turpe, Foule, Deformed, Ugly, Base, Nauseous, et autres mots semblables, suivant que le sujet le

  1. Le latin dit : « compris ».
  2. « Rule » en anglais « regula » en latin.
  3. Le latin dit « du bien, du mal et du vil ».
  4. A partir de « on ne peut non plus », G. Lyon, (La Philosophie de Hobbes, Paris, Alcan, 1893, p. 115) traduit ainsi d’après le texte latin « il n’existe point de commune règle du Bien et du Mal qui puisse être empruntée à la nature des objets eux-mêmes ».
  5. Le latin dit « sur un arbitre ou un juge constitué ».