Page:Hobbes - Léviathan - Tome I.djvu/123

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 68 —


quelques rares autres]. Le reste, c’est-à-dire les Appétits des choses particulières procèdent de l’Expérience [et de l’épreuve] de leurs effets sur nous ou sur les autres. Car, de ce que nous ne connaissons point ou que nous ne croyons pas être, nous ne pouvons avoir d’autre Désir que celui [d’y goûter et] d’en essayer. Cependant, nous avons de l’Aversion non seulement pour les choses que nous savons nous avoir fait du mal, mais aussi pour celles dont nous ne savons pas si elles nous feront ou ne nous feront pas du mal.

Le Mépris. — Ce qu’on ne Désire ni ne Hait, on dit qu’on le Méprise : Le Mépris n’est qu’une immobilité ou une abstention formelle du Cœur résistant à l’action de certaines choses ; il provient de ce que le Cœur se trouve déjà occupé [d’une autre façon] par d’autres objets d’une action plus puissante ou encore de ce qu’on n’a pas l’expérience de ce qu’on méprise.

Et, en raison de ce que la constitution du Corps humain change continuellement, il est impossible que les mêmes choses produisent toujours en un même homme les mêmes Appétits et les mêmes Aversions, à plus forte raison que tous les hommes se rencontrent dans le Désir[1] d’un seul et même Objet.

Le Bien. — Mais, quel que soit l’objet de l’Appétit ou du Désir de quelqu’un, c’est, en ce qui le concerne, ce qu’il appelle le Bien. — Le Mal. — L’objet[2] de sa Haine et de son Aversion est ce qu’il appelle le Mal. L’objet de son Mépris, il l’appelle

    sont des fuites de ce qui nous donne dans le corps une sensation pénible de plénitude et de poids ».

  1. Le latin dit « dans l’appétit ».
  2. Le latin dit « De même, l’objet ».