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les navires de la nation, en séjournant dans des croiſières difficiles pour ſurprendre ou détruire les bâtimens de l’ennemi, qu’on parvenoit à ſe faire un nom. Ce double devoir fut donc entièrement négligé ou très-mal rempli, d’après l’opinion commune à Breſt, qu’un pareil ſervice n’avoit rien de noble & ne conduiſoit à aucune ſorte de gloire.

Il faut convenir que ce préjugé eſt bien bizarre & entièrement contraire à toutes les loix de la ſociété. Quel peut avoir été le but des états en inſtituant cette force militaire deſtinée à parcourir les mers ? N’eſt-ce que pour procurer des grades à ceux qui commandent ou qui ſervent ? Que pour leur donner l’occaſion d’exercer une valeur inutile à tout autre qu’à eux-mêmes ? Que pour enſanglanter un élément de plus par le carnage & les combats ? Non, ſans doute. Les flottes guerrières ſont ſur l’océan ce que ſont les fortereſſes & les remparts pour les citoyens des villes, ce que ſont les armées nationales pour les provinces exposées aux ravages de l’ennemi. Il eſt des propriétés attachées au ſol ; il en eſt d’autres