Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/245

Cette page n’a pas encore été corrigée
des deux Indes
231

fendoit d’admettre dans les tribunaux, tout titre qui n’auroit pas été écrit ſur du papier marqué & vendu au profit du fiſc.

Les provinces Angloiſes du nord de l’Amérique s’indignent toutes contre cette uſurpation de leurs droits les plus précieux & les plus ſacrés. D’un accord unanime, elles renoncent à la conſommation de ce que leur fourniſſoit la métropole, juſqu’à ce qu’elle ait retiré un bill illégal & oppreſſeur. Les femmes, dont on pouvoit craindre la foibleſſe, ſont les plus ardentes à faire le ſacrifice de ce qui ſervoit à leur parure ; & les hommes animés par cet exemple renoncent de leur côté à d’autres jouiſſances. Beaucoup de cultivateurs quittent la charrue, pour ſe former à l’induſtrie dans des ateliers ; & la laine, le lin, le coton groſſièrement, travaillés, ſont achetés au prix que coûtoient auparavant les toiles les plus fines, les plus belles étoffes.

Cette eſpèce de conſpiration étonne le gouvernement. Les clameurs des négocians dont les marchandiſes ſont ſans débouché, augmentent ſon inquiétude. Les ennemis du miniſtère appuient ces mécontenſemens ; &