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de ſociété pour leurs plaiſirs. À la place du luxe, qui traîne la misère à ſa ſuite ; au lieu de ce contraſte affligeant & hideux, un bien-être univerſel, réparti ſagement par la première diſtribution des terres, par le cours de l’induſtrie, a mis dans tous les cœurs le déſir de ſe plaire mutuellement : déſir plus ſatiſfaiſant, ſans doute, que la ſecrète envie de nuire, qui eſt inséparable d’une extrême inégalité dans les fortunes & les conditions. On ne ſe voit jamais ſans plaiſir, quand on n’eſt, ni dans un état d’éloignement réciproque qui conduit à l’indifférence, ni dans un état de rivalité, qui eſt près de la haine. On ſe rapproche, on ſe raſſemble ; on mène enfin dans les colonies cette vie champêtre, qui fut la première deſtination de l’homme, la plus convenable à la ſanté, à la fécondité. On y jouit peut-être de tout le bonheur compatible avec la fragilité de la condition humaine. On n’y voit pas ces grâces, ces talens, ces jouiſſances recherchées, dont l’apprêt & les frais uſent & fatiguent tous les reſſorts de l’âme, amènent les vapeurs de la mélancolie, après les ſoupirs de la volupté : mais les plaiſirs domeſtiques, l’atta-