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mieux vêtus, moins maltraités & moins accablés de travail qu’aux iſles. Les loix les protègent plus efficacement, & il eſt très-rare qu’ils ſoient les victimes de la férocité ou des caprices d’un odieux tyran. Cependant, quel doit être le fardeau d’une vie condamnée à languir dans une ſervitude éternelle ? Des ſectaires humains ; des chrétiens qui cherchoient dans l’évangile plutôt des vertus que des dogmes, ont ſouvent voulu rendre à leurs eſclaves la liberté que rien ne peut remplacer : mais ils ont été long-tems retenus par une loi qui ordonnoit d’aſſigner aux affranchis un revenu ſuffiſant pour leur ſubſiſtance.

Diſons plutôt : l’habitude commode d’être ſervi par des eſclaves ; ce penchant à la domination, juſtifié par les douceurs dont on prétend alléger leur ſervitude ; l’opinion où l’on ſe plaît à reſter, qu’ils ne ſe plaignent pas d’une condition que le tems a changée pour eux en nature : ce ſont là les ſophiſmes de l’amour-propre pour apaiſer les cris de la conſcience. La plupart des hommes ne ſont pas nés méchans, ne veulent pas faire le mal : mais parmi ceux même que la nature