Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/194

Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’à irriter en eux le déſir d’en ſortir. C’eſt par des prohibitions, par des menaces & des peines qu’on croit les enchaîner ; on ne fait que les aigrir, les pouſſer à la déſertion par la défenſe même. Il faudroit les attacher par des ſoulagemens & des eſpérances : on les empriſonne, on les garrotte ; on empêche l’homme, né libre, d’aller reſpirer dans des contrées où le ciel & la terre lui donneroient un aſyle. On aime mieux l’étouffer dans ſon berceau que de le laiſſer chercher ſa vie en quelque climat ſecourable. On ne veut pas même lui donner le choix de ſon tombeau. Tyrans politiques, voilà l’ouvrage de vos loix : peuples, où ſont vos droits ?

Faut-il révéler aux nations les trames qui ſe forment contre leur liberté ? Faut-il leur dire que, par le complot le plus odieux quelques puiſſances ont manœuvré récemment une convention qui doit ôter toute reſſource au déſeſpoir ? Depuis deux ſiècles, tous les princes de l’Europe fabriquoient entre eux, dans les ténèbres du cabinet, cette longue & peſante chaîne dont les peuples ſe ſentent enveloppés de toutes parts. Chaque négociation ajoutoit de nouveaux chaînons