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très-conſidérable. On réſolut de la tirer de la Caroline, qui, par la douceur de ſon climat & l’abondance de ſes mûriers, ſembloit favorable à cette production. Des eſſais que haſarda le gouvernement, en attirant des Vaudois dans la colonie, furent plus heureux & plus productifs qu’on n’avoit osé l’eſpérer. Cependant les progrès de cette branche d’induſtrie reſtèrent au-deſſous d’une ſi riante promeſſe. On en rejeta la faute ſur les habitans, qui n’achetant que des nègres, dont ils tiroient une utilité prompte & sûre, négligèrent d’avoir des nègreſſes qu’on auroit pu deſtiner avec leurs enfans à élever des vers à ſoie : occupation convenable à la foibleſſe du ſexe & de l’âge les plus délicats. Mais on devoit prévoir que des hommes arrivés d’un autre hémiſphère dans un pays inculte & ſauvage, donneroient leurs premiers ſoins à la culture des grains nourriciers, à l’éducation des beſtiaux, aux travaux de premier beſoin. C’eſt la marche naturelle & conſtante des états bien gouvernés. De l’agriculture, principe de la population, ils s’élèvent aux arts de luxe ; & les arts de luxe nourriſſent le commerce,